Quelques réponses.
«Quant à la problématique des retenues destinées à l’irrigation agricole, elle revient à considérer que la ressource qui y est stockée appartient aux exploitants. Qu’en est-il de la préservation du milieu dans ces conditions ? Certes les dispositions réglementaires imposent de conserver une part du débit des rivières pour les écosystèmes, mais il s’agit seulement d’un pourcentage fixé à 10 % précisément. Or ces retenues sont souvent situées les unes derrière les autres dans le bassin versant. Ainsi on réserve 10 % de l’une, puis de l’autre, puis de la troisième, et à la fin, il ne reste plus rien en aval.»
Par ailleurs, de nombreuses rivières du Sud de la France seraient infréquentables par les touristes en été si leur débit n’était plus soutenu par des réservoirs amont. Ils compensent justement les très faibles pluviométries menant à des débits d’étiage faibles voire nuls. Pourquoi ne pas le dire ? Pourquoi réduire la retenue à une représentation simpliste d’un dispositif qui ne servirait pas à retenir l’eau? Nous ne sommes pas en France dans la situation du Colorado : il nous reste une forte marge de progrès dans le stockage puisque nous laissons se perdre dans l'océan 137 milliards de mètres cubes. D'autre part, il ne semble pas y avoir d'étude sur e bilan positif des retenues (évaporation sur le microclimat, usages agricoles et gains socio-économiques), voir le détail des simulations de Wan et al 2018 sur une projection climatique d'ici 2100.
«La polémique sur la nécessaire continuité écologique hydrologique montre qu’il y a des progrès à faire sur la compréhension du cycle de l’eau : les gens ont l’impression qu’en l’arrêtant entre deux seuils où elle stagne et se réchauffe, ils la sauvent, mais c’est faux. La rivière peut apparaître à sec quand elle s’infiltre alors qu’elle s’écoule sous la surface, puis ressort plus loin. Laisser l’eau s’écouler est le meilleur moyen de sauver l’environnement. Sinon les poissons ont le choix entre la prison et la mort.»
D'es "gens" ne sont pas idiots : il est clair pour tout le monde qu’une retenue ne crée pas d’eau. Mais c'est le seul moyen pour l'homme depuis des millénaires ponctuée par les moines, de conserver l'eau douce pour répondre aux besoins. Stocker l'eau quand elle est excédentaire est un réflexe légitime relevant de l'intérêt général. Ne pas le faire, pire : détruire les ouvrages créé un énorme préjudice à la collectivité.
Enfin, comment curieusement exposer des exigences de «continuité hydrologique» en cas d'assecs, y compris provoqués par des destructions d’ouvrages hydrauliques ?
« D’autre part, les retenues et les plans d’eau génèrent une forte évaporation et une augmentation des températures qui favorise des proliférations de cyanobactéries et de toxines. Un printemps peu nuageux favorise la présence d’algues, l’eau devient plus turbide, elle stocke alors encore plus la chaleur. Ces phénomènes appelés « blooms » se multiplient, on les observe notamment au Canada. C’est inquiétant, il en va de l’avenir de nos plans d’eau. »
- la diversité climatique, géologique, hydrologique, écologique des bassins versants,
- la diversité des retenues et ouvrages dont on parle,
- la diversité des services écosystémiques attendus par la société (jusqu’à un quarantaine de services rendus pour les plans d’eau, cf Janssen et al 2020).
Au final, il est évident qu'une retenue d'eau peut avoir des effets négatifs au moment de sa création (à condition d'avoir dressé un état des lieux originel) et positifs dès n+5, puis de mener un bilan exhaustif des aggradations environnementales n+150 ans ou n+ 250 ans.
L'idéologie née il y a 12 ans est déjà inadaptée à la situation. Par conséquent, les règles administratives imprégnées de ce mode de pensée sont déjà inappropriées.
Avec le changement climatique et les sécheresses, nous sommes tous d'accord sur la nécessité de faire des économies d'eau. Mais les certitudes et allégations de certains spécialistes pourraient devenir plus discrètes face aux exigences de la société et des élus locaux ayant besoin d'eau, excédés que la seule prospective imposée soit les restrictions.