La continuité écologique fait (presque) l'unanimité

Il n’a pas été nécessaire d’attendre longtemps pour que les craintes exprimées par l'OCE soient avérées. Nul besoin d’être grand prophète, il est vrai. Des quatre coins de la France convergent les mêmes propos sur les méfaits de la destruction des barrages et la chimérique rivière sauvage transformée en oued.

Ce ne sont que les stigmates immédiats apparents. Les effets collatéraux, jamais étudiés, arriveront après. Ils seront alors imputés aux aléas naturels, au réchauffement climatique, à la force majeur…jamais aux mauvaises prises de décisions politico-administratives.

 

VOSGES : AGRICULTEURS, PÊCHEURS ET RIVERAINS SONT CONTRE LA DESTRUCTION SYSTÈMATIQUE DES BARRAGES

 

La destruction récente d’un barrage sur la Moselotte, à Nol, a été prétexte hier à une action symbolique des agriculteurs, pêcheurs et riverains qui s’inquiètent des conséquences écologiques de telles décisions.

 

Agriculteurs, pêcheurs, riverains, au total près de soixante-dix personnes sont arrivées hier matin au niveau du pont de Nol, à Vagney, avec un seau à la main et à l’esprit l’idée de transvaser l’eau de la Moselotte vers feu le ruisseau de Nol.

 

Depuis la destruction du barrage en pierre qui retenait la rivière, ledit ruisseau est en effet à sec, sans aucun espoir de rémission car le seuil a non seulement été rasé, mais le lit de la Moselotte a été légèrement creusé. Et ce au nom de la continuité écologique inscrite dans la loi sur l’eau et les milieux aquatiques (LEMA).

 

« Nous ne la contestons pas, mais nous sommes contre la destruction systématique des barrages», note Jean-Jacques Rosaye, agriculteur de Dommartin-lès-Remiremont et président de l’association syndicale autorisée des prairies (qui regroupe 200 hectares et une centaine de propriétaires sur le secteur du Syndicat, Saint-Amé et Dommartin-les-Remiremont).

 

« Ce barrage, d’1,80 mètre de hauteur, alimentait un cours d’eau de 2,2 km et une morte. Il est aujourd’hui complètement asséché». Sur les rives de la Moselotte les pierres à nu témoignent de la baisse conséquente du niveau de l’eau et le lit de la rivière présente déjà un tracé moins régulier. Mais l’impact de ces travaux, inaugurés par le préfet le 8 juillet dernier, ne s’arrête pas là : non seulement le barrage, en alimentant le petit ruisseau, permettait d’irriguer les prairies en avant, mais il était un point d’eau essentiel pour les animaux et permettait la reproduction des poissons. «Ils ont confondu canal de drainage et canal d’irrigation», s’indigne Pascal Lambert, agriculteur à Dommartin. «C’est tout l’écosystème généré par le parcours de l’eau qui est détruit », déplore à son tour Jean-Jacques Rosaye.

 

Gare aux inondations !

 

Dans toutes les bouches revient la menace de crues et par ricochets d’inondations qui pèse désormais sur les prairies en aval en période de fortes pluies ou de fonte des neiges. « Ces barrages n’ont pas été créés pour rien. Nos bureaux d’études jouent aux apprentis sorciers et prennent nos anciens pour des idiots ! s’indigne Jean-François Scherlen, secrétaire du groupement d’intérêt piscicole de Rupt à Bussang. Résultat : on est obligé de se battre contre un projet censé être en faveur des pécheurs. Là tout le monde est perdant : les pêcheurs et les agriculteurs ! » Mais pas les hérons à qui la baisse du niveau de l’eau a permis de faire un festin de poissons.

 

Deux nouveaux arrêtés préfectoraux ont d’ores et déjà condamné des barrages similaires situés à Zainvillers (Vagney) et à Basse-sur-le-Rupt. Or si hier les agriculteurs, pêcheurs et riverains ont choisi une action symbolique, il pourrait ne pas en être de même à l’avenir pour convaincre les élus de la communauté de communes Terre de granite et tous leurs homologues tentés de suivre le même courant.

 

Reproduction de l’article de Claire BRUGIER et photo de Vosges matin

 

http://www.vosgesmatin.fr/edition-de-remiremont/2016/07/27/vosges-agriculteurs-pecheurs-et-riverains-sont-contre-la-destruction-systematique-des-barrages

 

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